SONIC THE HEDGEHOG (2006) – Oui, c’est mon Sonic préféré
Bugué, gameplay foireux, romance cringe entre un hérisson et une humaine ou jeu pas terminé… nombreux sont les descriptifs de ce style lorsqu’il est question de parler de Sonic 2006. Et pour la plupart d’entre eux, je pourrais difficilement dire que ce n’est pas le cas.
Pourtant, Sonic 2006 est bel et bien mon Sonic préféré.
La réputation du jeu est loin d’être méconnu. En fait, les avis négatifs autour de ce dernier sont d’une telle ampleur que celui-ci est souvent le sujet de conversation. Autant dire que c’est difficile de passer à côté de l’existence du jeu lorsqu’on s’intéresse à Sonic et aux jeux vidéo de manière générale. Ce qui avait eu pour effet de réveiller en moi un certain intérêt tandis que je faisais mes premiers pas dans les jeux Sonic. Je savais qu’il était à éviter, c’est d’ailleurs pour ça que c’est l’un des derniers que j’ai fait, mais un peu de manière inévitable, au plus j’enchainais les Sonic, et au plus il m’intriguait. Il fallait que je voie le fameux étron de moi-même.
C’est qu’en dépit d’être considéré comme tel, j’avais entr’aperçu plusieurs éléments qui, sans remettre en doutes les défauts du jeu, donnaient à voir d’autres choses.
Déjà, Sonic 2006 est le jeu post-Dreamcast étant le plus dans la lignée des Sonic Adventure, et plus particulièrement du premier, avec son système de hub. Sonic 2006 sent le Sonic Adventure 3 qui n’en a pas le nom à plein nez. Et évidemment, en tant qu’amoureux des SA, cela avait de quoi titiller ma curiosité.
Ensuite, son habillage graphique et sonore m’intéressait beaucoup pour ses influences venant vraisablement de l’heroic fantasy japonais. Il est assez commun d’entendre « é mé cé FINALEU FANTAIZI » au début de la première cinématique du jeu par sa présence exclusive de personnages humains et par son ambiance tendant vers la fantasy. Et si nos amis anthropomorphes arrivent bien par la suite, Sonic 2006 va toujours tenir un petit pied vers des horizons d’heroic fantasy : entre ses différents environnements, ses cinématiques et sa musique composée principalement par Hideaki Kobayasahi ; le gars derrière les musiques de Phantasy Star depuis la Dreamcast.
Malgré ces éléments-là, et pour être le plus sincère du monde, je ne m’attendais vraiment pas à aimer Sonic 2006, et encore moins à qu’il ne devienne mon Sonic préféré.
Connaissant déjà bon nombre de reproches du jeu, ma découverte de Sonic 2006 s’est pas mal faite sur une mise en examen de ces derniers. Je me souviens tout particulièrement des premières minutes où je contrôlais Sonic et de ma stupéfaction à trouver qu’il était loin d’être l’hérisson incontrôlable dont j’avais pu avoir le portrait ici et là. C’était même carrément l’inverse, je le trouvais vraiment agréable à prendre en main. Les déplacements dans les Sonic 3D ont toujours été un sujet délicat. Il est souvent compliqué d’obtenir des mouvements précis avec des personnages qui ne glissent pas. Ici, c’est tout l’inverse, les contrôles, bien qu’incomplets, sont d’une grande précision. Le problème, c’est que ces derniers n’offrent que très peu de marges d’erreurs. Pour peu de ne pas jouer précisément de la manière idéale dont le jeu voudrait que tu joues, celui-ci sera simplement défectueux. Quelques exemples connus : Knuckles qui ne peut pas se décrocher d’un mur, Sonic qui tient sans bouger en haut d’un looping ou encore Sonic qui se tue tout seul en mach speed…
Pour peu de ne pas incliner le stick vers l’avant à cet endroit, Sonic atterrît sur ce pont sans pouvoir en sortir et se tue tout seul.
De par cette exigence, le jeu est très facilement sujet à provoquer de la frustration, tout comme de la satisfaction, puisqu’il faut nécessairement être “bon” pour avancer. C’est peut-être en partie pour ça que c’est mon Sonic préféré. Je trouve ça diablement cool d’améliorer ses performances dessus. Quand j’avais fait les succès du jeu, le kif était tel que je les avaient refaits directement sur un nouveau profil Xbox. J’avais déjà la fièvre du complétionniste avant Sonic 2006, mais c’est lui qui a été à l’initiative de mon profil Xbox actuel où je chasse systématiquement les succès.
Couplons ça maintenant à ce que je disais plus haut sur les influences du jeu, et oui, bien sûr que cela crée un objet qui me plaît beaucoup malgré ses défauts évidents. Je pense que ce jeu a énormément contribué à développer chez moi une curiosité pour les choses impopulaires et “mauvaises”. Cela peut paraître con, mais je trouve que ce sont des objets qui, par leurs imperfections, donnent encore plus envie de les apprécier. Les aimer, c’est les investir énormément et c’est donner beaucoup de soi. C’est développer des relations fortes et singulières.
Je suis content de constater que ces dernières années soient le fruit d’un grand contre-courant où beaucoup prennent la parole comme moi pour dire qu’ils apprécient Sonic 2006. La plus belle consécration de ce phénomène est sûrement le projet Sonic P-06 qui est ni plus ni moins qu’une recréation de fan de Sonic 2006 comme il aurait probablement dû être s’il avait été terminé. Et le résultat est juste phénoménal. Ce serait tellement fou que le projet soit repris officiellement par Sega. Ils l’ont déjà par le passé, alors pourquoi pas ?