MY HERO ACADEMIA – Rapport dyslexique

Même si j’ai commencé à avoir à la dure une certaine éducation en matière de récits de super-héros, je garde toujours encore un certain scepticisme dans le domaine. Ce qu’incarne généralement un récit de super-héros a toujours du mal à m’intéresser. Cela ne m’empêche pas de m’y pencher, d’autant si c’est en bonne compagnie. Mais je vais surtout y aller pour ma culture et pour varier mes consommations, pas trop par envie.
My Hero Academia (MHA) ne faisait pas exception à cette règle.
Ce scepticisme est quand même moins fort qu’avant, et je sais être en bonne voie pour le faire disparaître. Mais je lui reconnais un petit avantage : quand quelque chose me plaît, j’ai un sentiment de surprise que j’apprécie beaucoup. Et quand j’ai découvert My Hero Academia, c’est justement ce qui s’est passé. J’adore My Hero Academia, et je sais que mon scepticisme de départ a aussi amplifié ce sentiment.

Ce qui m’a fait accrocher à MHA est le fruit d’une lecture personnelle bien que pas si tarabiscoté que ça, je pense. C’est celui d’une lecture d’un dyslexique, moi, qui voit au sein de My Hero Academia des personnages qui le sont aussi. De ma perception, la question de la dyslexie, ou du moins d’être “différent” des autres, est quelque chose de très présent dans les récits de super-héros. Et My Hero Academia épouse complètement ça jusqu’à en faire les nœuds principaux de son intrigue.

Plot de départ du manga : dans le monde de My Hero Academia, ne pas être “normal”, c’est ne pas avoir de pouvoirs. Et le protagoniste principal, Midoriya Izuku, n’en a justement pas. Pour autant, dans ce monde où les pouvoirs et les super-héros sont légions, Izuku veut aussi être un super-héros. Un super-héros à l’image de celui qui l’admire le plus, le numéro 1. Il n’y a hélas pas de miracle pour avoir un pouvoir. On naît avec, et celui-ci se développe en grandissant. La seule égalité entre les gens est la petite enfance, moment où les potentiels pouvoirs de chacun ne sont pas encore éveillés.
Izuku a beau en avoir envie, ce dont il rêve lui nécessite quelque chose qu’il ne peut pas avoir. MHA n’est néanmoins pas une histoire qui va s’arrêter à ce désir impossible. Puisqu’Izuku va bien finir par en avoir un de pouvoir. C’est pas un spoil hein, c’est vraiment le début de l’histoire : celui-ci va même hériter d’un pouvoir de la part du héros qu’il admirait le plus. Le hic, c’est la comptabilité de son corps.
Ce que s’avère donc me raconter, dans un premier lieu, l’histoire d’Izuku, c’est l’histoire d’une anomalie. C’est l’histoire de quelqu’un qui ne devrait pas être là et dont les limites physiques de son corps viennent le lui rappeler.

Le parallèle que j’y trouve avec la dyslexie est très fort, d’autant que je le trouve très similaire à ma propre scolarité. Je me reconnais énormément dans Izuku et dans sa manière de percevoir son environnement. Il tient d’autre part bon nombre de caractéristiques de protagoniste principal de nekketsu, mais c’est cette particularité de départ animé par la détermination qu’il l’anime qui fait vraiment toute la différence pour moi.

Cette disparité entre le pouvoir d’Izuku et son corps est montrée visuellement par son corps qui s’abîme à chaque fois qu’Izuku utilise son pouvoir. J’aime énormément sa représentation assez cruelle. Je trouve ça très impactant. Cela joue aussi beaucoup sur le parallèle que je fais du manga avec la dyslexie.

La suite du manga ne va rester à ce fait, et ce parallèle que j’y vois finit par s’amoindrir. Même s’il subsiste toujours une certaine interrogation chez Izuku vis-à-vis de ses capacités. Et c’est pas plus mal. My Hero Academia n’est pas non plus un manga sur la dyslexie, ni fondamentalement un manga social. Izuku va dépasser son statut de départ, et rencontrer de nouvelles difficultés. Je trouve qu’il a un parcours avec beaucoup de reliefs pour un personnage principal de nekketsu.
Si My Hero Academia, c’est quand même beaucoup la bagarre la bagarre la bagarre (parfois à mon désarroi), je trouve que l’une de ses qualités réside vraiment dans l’écriture de ses personnages. Sorti d’Izuku, MHA a une montagne de personnages ayant ses propres difficultés. Et je trouve que la plupart d’entre eux sont aussi passionnants à suivre que le parcours d’Izuku ; d’autant que le point de départ d’Izuku résonne très souvent d’une manière ou d’une autre avec les autres personnages.
Ainsi, le rapport dyslexique, ou du moins le fait d’être rejeté du monde, est quelque chose qui finit rapidement par sortir d’Izuku pour être incarné de manière plus large. Ce n’est pas mon point d’entrée, mais je pense qu’on peut tout à fait voir dans MHA un manga particulièrement LGBT-friendly. MHA est un nid à personnages aux comportements et aux physiques différents. La “normalité“ paradoxale de MHA, c’est qu’avec ces pouvoirs, tout le monde est justement très différent les uns des autres. Et je pense qu’on pourrait presque résumer toute l’intrigue de MHA aux capacités de chacun à vivre et à échanger avec autrui. J’aime l’idée de voir Izuku comme une porte d’entrée pour parler de ça.
Ce qui me fait d’autant penser à la dyslexie, c’est tout bêtement aussi les mots qui sont employés. Dès la première phrase du manga, My Hero Academia est rempli de discours sur l’inégalité : l’inégalités des corps, l’inégalités des naissances, l’inégalité des éducations…

Je ne suis pas le plus grand expert en matière de nekketsu. Mais tous ceux que j’ai touchés, dont un qui est même mon manga préféré, me semblent entretenir un déplacement. Je voyage quelque part. Et si le voyage peut être merveilleux, j’ai malgré tout une sorte de distance avec ce que je vois.
Dans My Hero Academia, je voyage très peu. Je n’ai pas spécialement l’impression d’être amené dans un monde, mais plutôt d’avoir un monde altéré au mien. Il en résulte un nekketsu, de pure souche d’autre part, qui me parle d’abord à moi et qui me fait réfléchir de manière plus frontalement sur notre vie à nous. En ce qui me concerne, c’est quelque chose d’assez unique pour ce genre de récit. Et cela a le don de donner à My Hero Academia une place privilégiée dans mon cœur.

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