2 ANS DE TÉLÉPHONE À CLAPET
Il y a 2 ans, le smartphone que je possédais a vu son écran brisé. L’histoire est toute simple, mais j’aime bien la dramatiser pour ce que cela a entraîné derrière :
J’étais avec un ami devant une porte de quelqu’un qui fêtait chez lui son anniversaire. Je n’arrivais pas à le contacter pour pouvoir le rejoindre. Personne ne répondait à la sonnette et je tombais sur le répondeur. J’ai donc essayé de contacter une personne déjà présente à sa soirée d’anniversaire. Cette fois-ci, cela répond. Mais celui-ci sait que je suis souvent d’humeur à lui faire des blagues. Il pense donc que je rigole, que nous ne sommes pas devant la porte, mais bel et bien déjà dans la soirée ! Mon ami essaie de dissiper ce malentendu et me demande que je lui passe mon smartphone pour échanger avec lui. L’échange est également infructueux. L’appel est interrompu et nous sommes toujours bons pour attendre dans le froid dehors. Mon ami décide alors de me repasser mon smartphone. Mais fidèle à lui-même, celui-ci finit juste par le lâcher, pensant que je le tenais. Fidèle à lui-même parce que sa perception de l’espace lui joue souvent des tours. C’est ainsi que le drame est arrivé.
Je ne lui en veux pas, mais j’aime raconter cette histoire en sa présence pour la conclure d’un « Et c’est comme ça que je suis arrivé à avoir un téléphone à clapet ».
Bien sûr, je démystifie la chose tout de suite après.
Mon ami n’est pas responsable du fait que je sois passé à un téléphone à clapet. J’imaginais déjà depuis un moment de le faire. Cet événement a donc simplement accéléré son obtention.
Ce que je trouve intéressant dans le fait de raconter cette histoire, ce sont les réactions que j’obtiens. La majorité se retrouve peinée pour moi. Cela se demande si c’est le coût d’un smartphone qui a fait que je me suis plutôt procuré un téléphone à clapet. Les réactions sont aussi souvent empathiques. Pour la plupart, vivre sans smartphone n’est pas envisageable.
Mais donc, qu’est-ce qui m’a poussé à cette décision ? La réponse courte n’est pas très fine, mais c’est simplement que je n’en éprouvais pas le besoin.
Je conçois l’avantage indéniable de sa portabilité et de sa taille. Il est possible de faire plein de choses à tout moment en plus de la téléphonie. Mais c’est cette même configuration qui m’est apparue contraignante.
Je n’ai jamais été un gros utilisateur de smartphone. Les dernières années précédant ma transition se résumaient à un peu de téléphonie, Discord, un GPS et un navigateur internet. Je pense ne jamais avoir été quelqu’un de très accroché aux smartphones mais malgré ça, à mon échelle, je n’aimais pas comment ceux-ci impactaient ma vie. J’ai trouvé que j’étais moins efficace avec cet accès mobile.
La plupart des choses que je faisais dessus, je les faisais dans des conditions bien meilleures chez moi. Autant pour des raisons de cadre que pour des raisons matérielles.
C’est d’ailleurs pour ça qu’avant même de passer à un téléphone à clapet, dès que j’ai pu avoir une box internet, je suis passé à un forfait téléphonique permettant juste de téléphoner.
Je suis quelqu’un de plutôt monotâche. J’aime faire les choses une par une. J’aime donner un temps et un lieu aux choses. Quand je marche, alors je marche. Je ne suis pas en même temps autre part avec mon téléphone. Quand je parle avec quelqu’un, je parle avec lui. Je ne suis pas en même temps autre part avec mon téléphone. Ce n’est pas vraiment un reproche que je sors vis-à-vis des personnes qui accrochent leurs activités à l’accès parallèle de leurs smartphones, mais je ne suis pas comme ça. Pour moi, faire cela est comme un débordement sur ce que je fais initialement. Je vais moins bien marcher, moins bien parler. Et je n’ai jamais développé de moment dédié pour un smartphone. Le moment où il pourrait s’insérer serait un endroit où je suis chez moi. Mais chez moi, j’ai un ordinateur où je peux tout faire en mieux que ce que je peux faire sur un smartphone. L’affaire m’était donc close.
Ce rapport au débordement est à appliquer sur toutes les choses de ma vie. Sur mon ordinateur, je ne suis pas en permanence connecté au Fediverse, ou encore à Discord, comme à l’affût d’une nouvelle notification. Tout ceci a un temps. Le Fediverse par exemple, j’y vais généralement une fois dans la soirée, durant la même et unique période où je regarde mes différentes actualités.
Cette décision m’a apporté beaucoup de bien, même si elle n’a concrètement que peu changé de choses. Cela a surtout ordonné, et rendu obligatoire des activités à certains moments uniquement.
En parlant d’obligation : ce que j’ai été amené à constater avec ce changement de téléphone, c’est l’insertion de plus en plus invasive et “obligatoire” du smartphone dans notre société. Je pense notamment au QR code destiné à être montré sur un smartphone, qui est le cas auquel je suis le plus confronté. Dans ce genre de cas, je dois souvent recopier manuellement l’URL d’un SMS sur mon ordinateur portable. Cela donne des situations assez cocasses. La personne à qui je dois montrer un QR code est presque toujours surprise.
Est-ce que la vie est insurmontable sans smartphone ? En tout cas, ce n’est pas le cas pour moi. J’ai toujours trouvé des alternatives, quand il ne s’agit tout simplement pas de la méthode qu’on devait faire par le passé. Par exemple, sans GPS, je planifie avant mes trajets. Je veux rencontrer quelqu’un avec qui j’ai échangé sur un réseau ? Et bien, j’organise avant un point de rendez-vous et une heure avec des informations “supplémentaires”.
Avec cette disparition du smartphone, et pour des raisons similaires, je me suis d’autant rendu compte que même juste la téléphonie, c’était pas un truc qui me passionnait.
Sorties des rares moments où j’attends un appel, son apparition imprévue est du pareil au même pour moi que toute activité que l’on peut faire sur un smartphone. Mon téléphone est donc, pour ainsi dire, majoritairement en mode avion. Je me tâte en parallèle à me mettre à des expériences d’échanges plus sensorielles et physiques, avec les cartes postales. Je n’ai jamais spécialement été dedans, même si j’en ai déjà fait. L’idée de donner du temps pour ce genre de message tout en limitant d’autant plus la téléphonie me plaît.
Tout n’est pas rose non plus dans cette transition, mais ce qui ne va pas est plus d’un ordre logiciel. Si vous m’avez lu d’autre part ici, vous n’êtes pas sans savoir que je suis dans une recherche de liberté et de personnalisation dans tous ce que j’entreprends. Et même si l’utilisation que j’ai avec mon téléphone est vraiment minime, il y a bien des choses qui m’embêtent dans les rares moments où je suis dessus.
Le téléphone que j’ai a pour commencer des bugs. Des fois, quand j’appelle sur un numéro, cela va composer un autre numéro de mes contacts. Et lorsque que quelqu’un appelle et que je n’ai pas répondu, je suis obligé de redémarrer le téléphone pour que la notification s’arrête. Fâcheux, non ?
Ensuite, vu que mes interactions avec le téléphone se limitent à quelques actions précises, devoir passer par des lieux autres parfois pour y accéder m’apparaît contraignant. Et dernier problème de niche, dans mon souhait de m’immerger de plus en plus en permanence avec la langue japonaise, le fait de ne pas pouvoir choisir une telle langue m’embête.
Quel est le bilan donc que je tire de tout ça ? Et bien, c’est certainement le plot twist de cette histoire, mais c’est sûrement le retour un jour au smartphone. Mais attention, il est bien important pour moi de souligner que ce ne serait clairement pas pour récupérer ce dont je me suis séparé. Ce serait, au contraire, pour ordonner et mettre encore plus dans mon sens mon rapport au téléphone.
L’achat d’un smartphone n’est pour l’heure pas au programme. Il est probable que je continue d’utiliser mon téléphone à clapet tant qu’il ne se dégrade pas.
Je tire beaucoup de belles choses de mon téléphone à clapet, et je pense qu’il a encore de beaux jours devant lui. Il me semble difficile de conseiller à quiconque de faire ce que j’ai fait. Mais peut-être que dans ce que j’ai relevé plus haut, certains d’entre vous qui lisez ces lignes y voient des choses qui pourraient donner envie d’en faire de même ? En tout cas, je trouve ma vie plus saine et productive depuis que j’ai fait ce choix. Et elle m’ouvre même à des réflexions et des perspectives qui me plaisent.
Et oui, être weeb drapé, et ne pas avoir de smartphone, c’est possible !
Je trouve que tu as une consommation super saine de ton téléphone, et je te rejoins tellement sur ton utilisation.
De mon côté, je suis un peu comme toi. Je te rejoins totalement sur le fait de faire qu’une seule tâche, le fait d’utiliser mon téléphone en présence de quelqu’un, me dérange parce que je ne lui accorde pas 100% de mon attention, et j’estime que discuter avec une personne que j’apprécie est beaucoup plus important que d’être dissipé à regarder mon écran de smartphone. Je trouve ça même plutôt impoli, personnellement.
J’ai un iPhone mais ça fait des années que j’ai tout désinstallé dessus : Twitter, Discord, Facebook, Instagram ou n’importe quel autre réseau social. La seule chose que j’ai, et à laquelle je jette un coup d’oeil de temps en temps, c’est Mastodon via le navigateur, mais je refuse d’installer des App.
Je trouve super mature de ta part d’avoir cette philosophie alors que moi, je l’ai eu après avoir eu mon premier enfant et qu’à un moment il fallait bien que je soigne mon addiction et priorise mon temps.
Du coup, sur mon smartphone, il est vrai que j’utilise la fonction GPS mais j’ai toujours pris l’habitude de vérifier mes trajets au préalable. Au cas où l’endroit où je vais ne capte pas bien. Je désactive toutes les notifications sauf les appels et SMS, notamment sur les app comme Signal ou WhatsApp…
J’ai tendance à filer les informations détaillées pour un RDV bien en avance mais beaucoup n’ont pas ce réflexe.
J’ai hésité aussi à passer à un téléphone pas cher qui faisait le stricte minimum, mais malheureusement j’utilise énormément la prise de notes, prendre des photos, ainsi que naviguer sur internet de temps en temps. Je suis assez « rarement » sur mon ordinateur, il peut m’arriver de ne pas l’allumer pendant plusieurs jours par manque de temps.
Je comprends parfaitement ta démarche.
Cela fait plaisir de voir que mon utilisation du téléphone est reconnue (⓿_⓿).
Néanmoins, je ne sais pas s’il faut nécessairement parler de maturité, même si ça me flatte. J’ai surtout écouté mes envies, plutôt que de suivre un comportement de masse. Je n’en veux pas à ceux qui utilisent à fond les ballons les smartphones, et je ne les trouve pas immatures non plus. Dans ton cas, comme tu le dis, tu es « rarement » sur ton ordinateur, ton rapport avec ton smartphone en est de fait bien différent du mien. Et je respecte complètement cela (●’◡’●) !
Incroyable de lire cet article en vrai ! ça fait plaisir de voir des gens qui remettent en question le smartphone
Fort aise de faire plaisir !
salut!
ça m’a interpellé, cet article et je me reconnais beaucoup dans ce que tu décris.
je n’utilise pas de téléphone mobile, donc ni de téléphone dit intelligent.
quand j’ai été en Europe de l’est, on m’a refilé un bon vieux Nokia que j’ai encore, mais que je n’ai jamais utilisé ici. un téléphone de maison est suffisant dans mon cas et je réponds à mes courriels, c’est mon mandat et les gens le savent.
je me dis presque toujours que les cellulaires (téléphones mobiles), ça sert à laisser un message sur une boîte vocale parce que l’autre personne ne répond pas souvent au premier appel et doit rappeler son interlocuteur, haha.
je partage aussi le sentiment d’être restreint dans mes possibilités avec un téléphone intelligent. l’interface est bloquante tandis qu’avec l’ordinateur, tu peux toujours contourner le problème si c’est nécessaire, grâce entre autres aux raccourcis clavier…
tant de choses à dire sur ce sujet, mais si j’ai besoin un jour d’un mobile, j’aimerais qu’il ne serve qu’à téléphoner. c’est ça un téléphone à la base, non?
Oh, carrément pas de mobile ! Je trouve ça intéressant. J’avoue n’avoir jamais pensé à cette configuration. C’est à méditer.