CLANNAD ANTHOLOGY NOVEL – Plaisir archéologique

Cet article a su se faire désirer dans ma tête. Je l’avais prévu depuis longtemps. Mais emporté par différents courants, je l’ai repoussé pendant plus d’une année. Cela m’a été vraiment fâcheux. Je suis donc très content de pouvoir enfin vous partager cet article, et annoncer par la même occasion le retour en grande pompe de CLANNAD sur le site. Pour contrebalancer mes péripéties passées, pendant un certain temps, mes articles sur CLANNAD seront ma priorité numéro une.
Pour cette reprise, je commence avec une anthologie de light novels en deux tomes publiée par Jive. Cette anthologie, sobrement intitulée CLANNAD Anthology Novel s’inscrit dans le label officiel transmedia de CLANNAD « Impressions of CLANNAD » . Un label qui donne une légitimité et un soutien officiel à des tiers voulant produire autour de CLANNAD. Avoir une histoire dans ce label ne signifie pas pour autant écrire une histoire officielle. Il s’agit d’un espace créatif où les idées et les interprétations restent extérieures à Key. Ce que j’apprécie tout particulièrement dans ce label, c’est la diversité et la mise en lumière des artistes qu’il convoque. C’est sur ce point que je vais mettre l’emphase dans mon article.
L’Anthology Novel de Jive est un énorme plaisir archéologique pour moi. Cette série est sortie la même année que CLANNAD, en 2004, un temps où internet et l’industrie du VN étaient bien différents d’aujourd’hui. C’est un temps qui me fascine énormément.
Je ne trouve que peu de traces sur internet de cette série. Cela me donne l’impression d’être au contact de quelque chose d’inconnu. J’ai la sensation de toucher à quelque chose d’important.
Je perçois un véritable intérêt historique dans ces deux volumes pour les artistes qu’ils convoquent. La plupart sont des artistes de niche qui sont loin d’être très connus lors de leurs parutions. Certains semblent ne plus exercer leurs activités aujourd’hui, tandis que d’autres témoignent toujours de leur présence. Cette Anthologie m’apparaît être aux prémices de nombreuses carrières dont certaines sont bien plus florissantes aujourd’hui. Alors, au regard de ma difficulté à trouver des informations sur cette anthologie, j’apprécie d’autant les petites présentations que donnent chaque artiste en fin de volume.
En incluant les deux volumes, c’est au total 10 nouvelles sur CLANNAD qui sont proposées, pour une participation de 23 artistes :
J’ai fait en sorte de ne pas délivrer de spoils sur les histoires de cette anthologie, mais je déconseille la suite de cet article si vous n’avez pas mangé le CLANNAD original. Celui-ci n’est pas exempt de quelques informations.
• Couverture du volume 1 – Illustrateur : Nishimata Aoi •
Plus-value : ★
Le travail de Nishimata Aoi m’apparaît comme très important dans le paysage de l’AVG des années 2000, comme il m’apparaît indissociable du studio Navel. A la sortie de ce volume 1, elle œuvre déjà depuis quelques années sur l’identité graphique de plusieurs visual novels. Je retiens personnellement Sorechiru et SHUFFLE!
Je pense donc pas trop me tromper en disant que c’était pas vraiment une artiste méconnue à ce moment-là. Donc ça me sonne un peu comme un contre-exemple comparé à ce que je dis plus haut. Mais sa présence ici m’est historiquement tout aussi intéressante. Je dirais qu’elle a surtout marqué les esprits au début de sa carrière. Si elle est toujours en activité aujourd’hui, j’ai l’impression que son travail n’a jamais autant brillé de popularité qu’à ses débuts avec le studio Navel. La couverture de ce volume 1 m’apparaît donc comme une trace du prime time de Nishimata Aoi. C’est bien vendeur d’avoir ça en couverture, non ?
Je trouve chouette cette couverture. Nishimata Aoi a déjà ici un style que je trouve bien reconnaissable, et bien établi. Cela donne un lifting que je trouve bien propre à Kyou et Nagisa. Les cerisiers en fleurs en arrière-plan me sont d’un grand plus. J’aime le relief qu’ils donnent aux personnages.
• 一瞬の輝き (Isshun no kagayaki) : Un moment de brillance – Auteur : Saito Yuusuke / Illustrateur : Tasuku Iizuki •
Plus-value : ★
Personnages : ★★
L’auteur de cette histoire, Saito Yuusuke, m’est plutôt inconnu. A l’époque, il faisait partie d’un groupe de créateurs qui s’appelle A-Team. Aujourd’hui, il est indépendant et continue de mener des activités similaires à ce qu’il faisait à la sortie de cette anthologie : scénariste sur plein de formats différents. Vous n’aimez pas le scénario de Jump Force ? Et bien, vous pouvez le pointer du doigt ! Il fait partie des personnes qui l’ont écrit. Honnêtement, il n’a pas fait quelque chose en particulier que je retiens. Je perçois néanmoins bien quelques curiosités. Il a travaillé sur 7th Dragon III Code : VFD ou encore sur un drama audio de PSO2.
L’histoire qu’il a concoctée pour cette anthologie est une histoire alternative qui montre la prise de conscience de Tomoyo sur ses sentiments pour Tomoya. Ce que je trouve surtout intéressant dedans, c’est d’avoir le point de vue Tomoyo. Il est finalement assez rare de l’avoir. C’est une histoire qui montre d’autre part quelque chose de peu présent dans le VN, la jalousie. Cela a un côté que je trouve mignon. Mais ironiquement, je trouve que c’est une histoire qui me fait penser que Nagisa est une fille plus incroyable que Tomoyo. Alors que c’est pas vraiment elle l’héroïne de l’histoire. Ce choix de récit me fait aussi penser que j’aurais préféré une histoire davantage triste.
J’aime bien l’allusion que je retrouve à la fin avec les orbes de lumières. C’est une histoire alternative, mais c’est comme si elle raccrochait les wagons à la fin avec la vraie histoire du VN. Je trouve qu’il y a un mysticisme qui fonctionne bien et qui cerne bien la fantaisie de CLANNAD.
Niveau illustration, j’aime beaucoup le style. C’est une bouille très différente du VN, mais j’aime comment elle capte Tomoyo différemment. Je trouve que la première illustration a un super feeling au niveau de ce qui interroge Tomoyo dans l’histoire. L’illustration couleur est dans une vibe que je trouve très réussie également. Je ressens une atmosphère calme qui cache au sein de Tomoyo une tension intérieure brutale.
L’illustrateur derrière n’est autre qu’un gros morceau pour moi. C’est l’un des illustrateurs piliers d’Hibiki Works. Il a notamment travaillé sur les LOVELY×CATION ou encore sur Muv-Luv Alternative – Total Eclipse en tant que chara-designer. Sa participation ici est bien antérieure à tout cela. En ayant en tête que c’est fait par Tasuku Iizuki, je crois reconnaître une correspondance dans les illustrations de cette anthologie. Mais ça reste très différent de ce qu’il fait aujourd’hui. Il a sacrément évolué. D’après sa présentation en fin de tome, il était encore en formation lors de cette anthologie.
• 朋也が死んじゃった (Tomoya ga shin jatta) : Tomoya est mort – Auteur : Okimata Riku / Illustrateur : Youichi Ariko •
J’ai trouvé peu de choses sur Okimata Riku. La seule chose que j’ai trouvée sur lui, c’est qu’il a travaillé sur le scénario de Tales of the Tempest. En fin de tome, il se présente comme scénariste et programmeur de jeu. Exerce-t-il encore aujourd’hui ces activités ? Utilise-t-il un autre nom ? Ou est-il juste quelqu’un qui travaille à l’ombre ?
Son histoire se concentre sur Kyou. Dans cette histoire, Tomoya sort avec Ryou, sous la même impulsion que dans le VN. J’avoue que ce fait ne m’attire pas des masses. Le couple Tomoyo X Ryou n’est pas quelque chose que j’aime beaucoup dans CLANNAD. M’enfin, l’histoire n’aborde pas vraiment cette relation.
Le postulat du récit est plutôt rigolo. Kyou écrase volontairement Tomoya et tout porte à croire qu’il est mort sur le coup. S’ensuit toute une histoire où Kyou va chercher à cacher le cadavre tout en tenant un bilan sur ce qu’elle pense de Tomoya.
Je trouve ça dommage que l’intrigue vrille dans un délire similaire aux sentiments qu’elle a dans le VN. Sur ce sujet, la fin est plutôt triste, tout en étant assez prévisible. Mais j’aime bien sa dramaturgie, surtout grâce à la présence d’un troisième personnage. C’est la vraie surprise de cette histoire. Il est vraiment rigolo, et j’aime les péripéties qu’il apporte. Même si je trouve que ça en fait un peu trop à la fin.
Niveau illustrations, je trouve que les choix tenus contribuent aussi au côté prévisible de l’histoire. Ce ne ce sont pas des dessins que je trouve mauvais, mais je les trouve peu à propos. L’illustration en couleurs n’a même pas de lien avec l’histoire. J’aurais préféré avoir des illustrations qui vont plus dans le sens que Kyou est devenue une meurtrière, quelque chose de plus tragique ou plus morbide.
Son illustrateur m’est aussi plutôt inconnu. A la sortie de cette anthologie, son seul fait d’armes notable de ses propres mots sont ses dessins sur le VN Fortune Cookie qui est sorti la même année. Il semble après avoir continué pendant 10 ans des illustrations de VN. Il est toujours en activité aujourd’hui en tant qu’artiste indépendant, et il me semble qu’il se focalise davantage sur des partages plus directs de ses illustrations. J’ai constaté aussi qu’il était un grand adepte de Vtubers et a fait plusieurs chara-design pour Razz production.
• パンの家 (Pan no ie) : La maison du pain – Auteur : Higurashi Chabo / Illustrateur : Nekoma Kotomi •
Higurashi Chabo n’est pas l’auteur qui me fait le plus briller les yeux, mais j’ai du respect pour son CV. Il est l’un des scénaristes de la série de VN Memory Off, et ce depuis le début en 1999. En parallèle, il est à la tête d’un groupe de scénaristes qui s’occupe principalement de portages consoles de VN issu du PC ou d’une adaptation animée.
Dans l’histoire qu’il a confectionnée pour l’anthologie, Tomoya et Nagisa sortent ensemble dans une réalité alternative.
C’est une histoire qui ne paye pas de mine mais qui a su me surprendre. Le sujet principal va tourner autour de la confection de pain. Reconnue comme fille de boulanger, Nagisa est invitée à faire du pain pour l’école. Elle va donc s’entraîner à en faire auprès de Tomoya et Sunohara. Je trouve l’ambiance de la maison Furukawa du VN bien retranscrite. Et j’apprécie comment l’élaboration du pain intervient dans le développement de la romance entre Tomoyo et Nagisa. A y penser, c’est une piste narrative toute trouvée ? C’est une histoire qui m’apparaît plus simple que les autres, et à juste titre. Higurashi Chabo explique en fin de tome qu’on lui a demandé de faire quelque chose de plus soft, parce que les autres histoires sont davantage osées. J’aime bien l’anecdote. Cela explique peut-être aussi, au regard de ce genre de requête, pourquoi il n’y a pas d’illustrations d’une Kyou meurtrière ahah.
Aux illustrations, c’est un changement de style qui m’apparaît assez radical. Je dirais que ça se rapproche du style loli ? L’illustration couleurs souffre encore du même problème que l’histoire précédente, mais les autres illustrations cernent mieux pour moi le ton de l’histoire. Je trouve que c’est un style qui fonctionne bien. Je regrette juste que ce style si différent de l’original ne montre pas d’autres bouilles que celle de Nagisa.
Avant ces dessins, l’illustratrice a déjà participé à un yonkoma ayant le label « Impressions of CLANNAD » : CLANNAD Yonkoma Manga Gekijou. Internet semble peu documenté sur elle. Par exemple, dans son texte de présentation, elle mentionne une série, Kokoiro, qui ne semble pas avoir quitté le magazine Moeyon. Le wikipedia du magazine mentionne bien l’existence de cette série, mais impossible de trouver quoi que ce soit d’autre. Ce que j’ai trouvé de plus ancien sur elle est un doujin To Heart datant de 1998. Elle avait déjà donc une certaine expérience avant ses participations sur CLANNAD. Si son style est sûrement simple, il m’apparaît déjà bien maîtrisé ici. Elle est encore active aujourd’hui et semble toujours faire principalement du manga. Cette année, elle a commencé à publier une série qui s’appelle Oshinobi Onsen Girl. De ce que j’en perçois actuellement, sa carrière me semble plutôt silencieuse mais richement remplie.
• 風子と風子 (Fuuko to Fuuko) : Fuuko et Fuuko – Auteur : Uezu Makoto / Illustrateur : Kamiya Yuu •
Plus-value : ★★
Personnages : ★★
Uezu Makoto me semble être ce genre d’artiste très prolifique qui a toujours exercé son travail de scénariste sans être jamais pour autant sur le devant de la scène. Je dirais que le plus gros de son travail est de faire des scripts sur des adaptations d’animes. Je relève par exemple qu’il a travaillé sur l’adaptation animée de School Days ou encore d’Utawarerumono. A l’époque de cette anthologie, son CV me semble encore mince. Il mentionne de lui-même les déboires qu’il a eus avec ses premières scénarisations qui l’ont poussé à devenir indépendant. Je lis une certaine incertitude quant à son avenir dans son texte. Je pense que l’avenir a pu le rassurer. Il est toujours en activité aujourd’hui, et a priori, il va écrire son premier scénario original cette année pour l’anime Necronomico no Cosmic Horror Show. Peut-être est-ce le début d’une nouvelle étape dans sa vie professionnelle ?
Je trouve que l’histoire qu’il a confectionnée ici a de beaux hauts comme de beaux bas. J’aime l’interprétation qui est donnée sur la perception qu’a Fuuko sur un événement qu’elle a eu. Je trouve d’autant plus bien retranscrit la dualité qu’il y a entre son côté badant et son côté enfantin. J’ai aussi pas mal apprécié deux passages précis. Mais je me demande si j’aurais pas préféré que le récit se concentre sur ces deux passages ? Cette nouvelle est composée de plein d’intrigues. Oscillant entre des moments de quotidien avec Nagisa et Tomoya, et des moments où Fuuko est shootée à l’étoile de mer. Toutes ces histoires sont agréables, et mériteraient à mon sens une histoire à part entière. Déjà qu’il s’agit d’une nouvelle, alors avec ce procédé tout me paraît trop court. C’est dommage, car à côté de ça, c’est un récit qui est capable de me rire et de me toucher, tout comme il arrive à me faire vivre les personnages secondaires. La fin m’apparaît aussi assez étrange. Cette dernière ne donne pas de conclusion et préfère donner autre chose. Je pense saisir l’intention. Mais pour un récit de ce genre, j’avoue que j’aurais préféré que ça se termine sur l’avant-dernière histoire qui m’est bien plus forte émotionnellement.
Côté illustrations, il y a un côté brouillon que j’apprécie bien. Il y a ce choix de partir sur quelque chose d’onirique dans la dernière illustration. Ce sont des dessins qui sortent pour moi du lot dans cette anthologie. Pour moi une anthologie, c’est un terrain alternatif, un terrain d’essai. C’est un exercice que je trouve super intéressant où il s’agit de saisir l’âme d’une histoire faite par quelqu’un d’autre, tout en l’imprégnant de choses différentes. Et je trouve que ces illustrations y parviennent bien.
Derrière ces dessins se cache ni plus ni moins que le papa de No Game No Life à ses débuts. Sa présence ici est celle qui m’impressionne le plus. Lors de cette anthologie, il devait avoir fraîchement quitté le lycée. Quand je vois comment il dessine les mains ici, je me dis qu’il devait encore apprendre beaucoup à cette époque. De tous les artistes de cette anthologie, c’est sûrement lui qui a le plus monté en popularité, et qui a le plus changé en matière de style ?
• 影二つ ~還りつくべきところ~ (Kage futatsu ~Kaeri tsukubeki tokoro~) : Deux ombres ~Un lieu à retrouver~ – Auteur : Tachibana Kei / Illustrateur : Tinkle •
Plus-value : ★
Personnages : ★
Histoire : ★
J’ai trouvé peu de choses croustillantes sur Tachibana Kei. Il semble avoir essentiellement écrit pendant une dizaine d’années pour des light novels du même ordre que cette anthologie avant de se mettre à travailler sur des scénarios de jeu. Et si je comprends bien, il est désormais enseignant dans une école de jeu vidéo. Il n’y a pas vraiment de noms en particulier que je relève dans ce qu’il a fait, bien qu’il soit loin de n’avoir rien fait. J’aurais d’ailleurs à le réaborder dans un futur article.
Son histoire pour cette anthologie est une relecture de la sortie dépressive de Kotomi. Je la trouve assez intéressante. Cela reste proche de ce qui se passe dans le VN, mais c’est une résolution bien moins dépendante des interventions de Tomoya. Celui-ci est bien là, mais me semble plus être un accompagnateur qu’un guide. Sa présence auprès de Kotomi l’interroge passivement sur sa situation. Je trouve la dramaturgie de l’histoire assez simple, mais elle donne une explosion de sentiments qui fonctionne bien pour moi. J’apprécie aussi que cette itération tend pas mal vers le fantastique. Je pense qu’il y a une chouette alchimie qui donne à voir une Kotomi sous un autre jour. C’est une histoire qui met vraiment en valeur le personnage selon moi.
Pour les illustrations, encore une fois, il y a un style qui est très différent de CLANNAD. Je dirais qu’on est face à un style qui rend davantage Kotomi enfant dans ses proportions tout en la rendant paradoxalement plus adulte dans le traitement de ses dessins.
Je connais un peu le travail de Tinkle, et j’apprécie de le retrouver ici. A l’époque, Tinkle était encore un groupe, et leur travail représentatif était le VN Cafe Little Wish. En tout cas, c’est ce que dit Harukaze Setsuna en fin de volume. Cafe Little Wish est l’un des premiers objets culturels sur lequel Tinkle a travaillé. Donc on a affaire aux prémices d’un nom qui va grandement monter dans les années qui suivent. Les illustrations de cette anthologie ne sont pas de la même complexité que celles qui sont faites aujourd’hui, mais je dirais que le style est déjà bien là. La spécialité de Tinkle repose surtout dans des personnages loli – pas vraiment mon plus grand centre d’intérêt. Mais à l’instar de ce qui est fait avec Kotomi ici, en beaucoup plus soft, Tinkle a un traitement adulte et irréel qui suscite chez moi beaucoup de respect. Je trouve que leurs illustrations donnent un vrai relief à l’histoire de Tachibana Kei.
• Couverture du volume 2 – Illustrateur : SCA-Ji •
Plus-value : ★
C’est un autre artiste que je trouve très prestigieux qui illustre la couverture du second volume. Je trouve qu’il a une présence assez différente de Nishimata Aoi dans le paysage de l’ADV. S’il a effectivement fait de l’illustration de personnages comme ici, c’est quelque chose dans laquelle il va moins s’impliquer après au profit de l’écriture de scénarios. Pour autant je trouve que son style artistique est très reconnaissable et qu’il est loin d’être mauvais avec ses personnages bien minces. Et même s’il n’est plus appliqué directement dans le chara-design, il a toujours gardé une implication visuelle dans les objets où il est impliqué scénaristiquement. Son style est d’autre part poursuivi par d’autres artistes. C’est notamment le cas de Motoyon qui travaille à ses côtés depuis le départ avec Tsui no Sora. De fait, d’une certaine façon, c’est comme s’il n’avait jamais arrêté de faire des personnages dans ma tête.
Vu que sa marque réside quand même plus dans l’écriture de scénarios, je suis en fait davantage surpris de le retrouver au dessin ici plutôt que sur une histoire. Du SCA-Ji sur du CLANNAD, je me demande à quoi ça ressemblerait ? Le monde scénaristique de SCA-Ji m’apparaît très différent du studio Key. Dans son texte en fin de tome, SCA-Ji dit avoir eu une difficulté à dessiner l’illustration car ses illustrations manquent de douceur. Pour le coup, c’est quelque chose sur laquelle je suis assez d’accord. Cela va même au-delà de ses dessins avec ses histoires. Il y a quelque chose que je trouve plus brutal et cru dans ce que donne SCA-Ji. Ce qui n’est pas forcément pour me déplaire. J’apprécie justement davantage cette couverture à la première, parce qu’elle donne à voir quelque chose de plus différent. Je suis assez fan de la bouille de Kyou. Est-ce que SCA-JI a réussi à ressortir de la douceur dans son dessin ? J’avoue avoir trouvé ça plus stylé que doux. J’aime les poses des personnages, et comment leurs écharpes les enveloppes avec un mouvement. Couplé au fond de ciel en neige, je ressens du calme et du fantastique qui s’accorde bien pour moi à des facettes de CLANNAD. C’est d’un mood bien différent de la première couverture, mais je trouve qu’elle s’associe bien avec cette dernière. Chaque couverture donnant à mon sens des aspects particuliers de CLANNAD.
• お約束な二人 (O yakusokuna futari) : Duo cliché – Auteur : Aki Takashi / Illustrateur : Itsukawa Kizuku •
Personnages : ★★
Aki Takashi semble surtout un scénariste de manga, mais a aussi versé son encre dans d’autres formats. Je relève sa participation sur quelques VN Circus et quelques light novels. Je le connais personnellement pour son scénario sur l’ecchi Asa made Jugyou Chu!. Au moment de l’anthologie, il écrit Sakura no Neko-hime. Et actuellement, il écrit le manga Ore no Tomodachi♂♀ ga Kawaisugite Komaru!. Je dirais qu’il écrit surtout de la romance et du ecchi ?
C’est justement sur la carte de la romance que se joue son histoire pour cette anthologie. Je trouve que la romance avec Kyou est assez vénère dans le VN original, ou du moins, bien compliquée. Ici, c’est comme si cette histoire survenait avant la tempête. Dans sa présentation en fin de volume, Aki Takashi fait savoir qu’il trouvait dommage qu’on ne puisse pas tant voir que ça l’amour entre Tomoya et Kyou. Il a donc fait son histoire en conséquence. Ici, il est question d’un garçon un peu trop collant qui insiste pour que Kyou sorte avec lui. Elle a alors l’idée de faire semblant d’être un couple avec Tomoya. C’est un terrain qui m’apparaît bien glissant et prévisible. Mais je trouve que l’auteur arrive bien à jouer de ce fait et donne à voir quelque chose de bien authentique et pas forcé entre les deux personnages. Avant de donner de l’amour entre eux deux, l’histoire met plus l’emphase que cet amour tient racine d’une amitié. Pour moi, c’est une histoire légère avec une fin légère. Et effectivement, je trouve que ça fait du bien d’avoir une telle histoire pour Kyou dans le label Impressions of CLANNAD.
J’aime beaucoup l’illustration en couleurs. Elle m’apparaît davantage complexe et sombre que les précédentes illustrations. A vrai dire, avec une telle illustration, je m’attendais à avoir une histoire triste. Alors qu’elle est en fait plutôt joyeuse. Les autres illustrations me sont moins impressionnantes sans les couleurs, mais restent toujours pourvues d’un style qui me fait voir une Kyou bien différente que je trouve bien sympa. Je dirais que ce n’est pas un style qui montre beaucoup d’expressivités. Il y a quelque chose qui me semble presque froid, dans une retenue des émotions. Personne ne sourit, ne rougit ou tire la tête. D’un côté, cela me semble hors-propos avec l’histoire. D’un autre, je trouve que ça donne une lecture plus complexe à la relation qui se joue. C’est comme si ces illustrations révélaient l’anormalité de la situation.
Le mystère se poursuit avec l’illustrateur qui est derrière ces dessins. Sa présentation ne nous apprend rien sur lui. Il dit qu’il dessine parfois, et que sinon, il mène une vie ordinaire… Et vraisemblablement, c’est vraiment ce qu’il fait ? J’ai trouvé peu de choses à son sujet. Son plus haut fait d’armes semble se trouver à la même époque que cette anthologie, avec les illustrations du light novel Hard Day Nights. Il semble ne plus être actif aujourd’hui en tant qu’artiste. Ou en tout cas, pas sur le nom de Itsukawa Kizuku.
• うみ (Umi) : La mer – Auteur : Seki Shun / Illustrateurs couleurs : Tsukikon / Illustrateur NB : NAL •
Personnages : ★
Le nom Seki Shun ne me semble plus actif. Je le repère juste pour des scénarios de VN dans les années 2000. Celui qui retient le plus mon attention est antérieur à cette anthologie. C’est lui qui a œuvré principalement sur le scénario de Popotan. Je ne l’ai pas consommé au moment de ces lignes, mais il me semble qu’il a une petite réputation.
Toujours en comparaison à une histoire “canon“ de Sides Stories avec Kotomi, je trouve que cette séquelle à sa route bien plus intéressante. J’apprécie ce côté bande de la troupe de théâtre, même si je trouve que celui-ci a un peu trop de tropes redondants et prévisibles. C’est le genre d’histoire qui me fait réfléchir si cette dynamique de groupe ne manque pas à l’histoire originale ? Dans CLANNAD, les relations intimes et le rapport à la famille finissent par souvent primer, n’est-ce pas ? Cette histoire ouvre sur autre chose, en plus d’être accompagnée par de la romance. Nous avons le point de vue de Tomoya ici. Et je trouve ça intéressant de voir comment celui-ci se sent vis-à-vis de Kotomi après ce qu’ils ont déjà vécu dans la route officielle, et comment le groupe intervient dans cette relation.
Pour cette histoire, ce sont deux artistes différents qui interviennent. Pour celui qui intervient à l’illustration couleurs, je n’ai rien trouvé de très consistant avant cette anthologie. Par contre, après cette dernière, Tsukikon a participé à des illustrations de VN qui suscitent chez moi un intérêt certain. Notamment H20 ou encore Etatoto. J’aime bien son style sur cette illustration en couleurs. J’aime comment la couleur est réfléchie par cette lumière mystiquement blanche. Mysticisme renforcé par la neige qui ressemble à des orbes de lumières ?
Pour les illustrations en noir et blanc, on a affaire à quelque chose de radicalement différent. J’aime bien le rendu chibi qu’il y a partiellement. Je trouve très mims les yeux de chacun dans ce rendu. Derrière ces dessins se trouve NAL, qui me semble avoir œuvré principalement dans des doujin dans les années 2000.
C’est un sacré mélange, mais cela réunit bien pour moi les différents tons de l’histoire.
• 先生への手紙 (Sensei e no tegami) : Lettre pour un professeur – Auteur : 0-take / Illustrateur : Etsuru •
Plus-value : ★
Histoire : ★★
Ce que je trouve sur 0-take ne concerne que des scénarios de VN faits de 2000 à 2016. Je n’ai rien trouvé d’autre sur lui. Et je n’ai touché à aucun VN auquel il a participé. Dans ce qu’il a fait, il y a Sekai no Subete qui retient mon attention. J’ai déjà lu quelqu’un en parler sur un discord.
De toutes les histoires de cette série, son histoire est celle qui a le format le plus inventif pour moi. Cette histoire étant écrite comme si c’était une lettre que Nagisa adressait à Kouko. J’aurais aimé plus de formes de ce genre.
C’est une histoire que je trouve dépaysante. On a un nouveau lieu et un nouveau personnage. C’est la seule histoire de l’anthologie qui me fait voyager, qui m’emmène autre part. Je trouve qu’il y a une véritable proposition, et pas juste une poursuite de quelque chose que je connais déjà. Cela va plus loin pour moi ici. J’apprécie d’autant comment ce récit est assez imprévisible à l’image du lieu présenté qui est assez absurde. Il y a un écho qui m’apparaît intelligent avec le personnage de Nagisa sur ce nouveau lieu, avec son âme et les liaisons qu’elle lie à autrui. C’est la seule histoire de cette série qui est datée : le 27 mars. La première date que donne le VN est le 14 avril. En somme, quelques jours avant que Nagisa reprenne l’école.
La fin raccroche à mon sens complètement les wagons avec la thématique très importante de la famille dans le VN, et de comment celle-ci peut être un facteur d’énergie pour survivre / vivre.
J’ai quand même une déception ici, mais ça concerne uniquement les dessins. J’aurais aimé que ceux-ci me transportent aussi dans cet univers absurde et mystérieux. Hélas, que ce soit dans le style graphique ou même dans les scènes représentées, ce n’est pas quelque chose que j’ai ressenti.
C’est Etsuru qui s’est occupé de ses dessins. Dans sa présentation, il dit espérer avoir ne serait-ce qu’un peu capturé l’atmosphère chaleureuse et amicale de Nagisa. De ce côté-là, oui, je trouve que ses dessins s’en sortent bien. Sinon, cela me semble compliqué de trouver des informations sur lui. J’ai juste trouvé un Etsuru qui a participé à un scénario d’un VN en 2001 et un autre en 2005. Un terme de date on est proche de cette série anthologique, mais c’est une faible garantie. Cela pourrait tout à fait être quelqu’un d’autre au vu de son nom qui est court et qu’en kana. D’autant que sur ces deux VN, c’est une collaboration visuelle avec pas mal d’autres illustrateurs. Je suis pas certain qu’il soit possible de discerner des similitudes avec Sensei e no tegami.
• HAPPY WEDDING!! – Auteur : Kanemaki Tomoko / Illustrateur : Mizuki Hotaru •
Plus-value : ★
Personnages : ★
Histoire : ★★★
Durant la période de cette anthologie, la carrière de Kanemaki Tomoko se résume sûrement principalement à des scénarios de VN ainsi qu’à des romanisations de ces derniers. Dans cette période, il y a peu de choses que je connais. Je relèverais sa participation sur les anthologies Memory Off de Jive. Cette période semble être aux aurores d’un step up assez fort. Puisqu’elle devient à partir de 2005 la scénariste attitrée des romanisations de Kingdom Hearts. La classe, non ? Par ce biais, elle a aussi été scénariste sur le jeu Kingdom Hearts 358/2 Days. Ce que je trouve particulièrement stylé.
L’histoire qu’elle propose dans cette anthologie est honnêtement celle que je trouve la plus intéressante. A mon sens, cette histoire justifie à elle seule la lecture de cette série. La dramaturgie du récit alterne des points de points de vue entre Kouko et Fuuko. Je ne pense pas me tromper en disant que c’est l’histoire la plus sérieuse de toute l’anthologie. Pour moi, c’est aussi la seule histoire à se rapprocher de ce bord tragique que sont aussi les Key. Je dirais que Kanemaki Tomoko propose ici son interprétation des pensées des sœurs Ibuki avant comme après le fameux incident qu’il y a au sein de leur famille. L’histoire s’attarde peu selon moi sur les unités de lieu dans ses scènes. Un cadre est bien posé, mais je trouve que les pensées des deux personnages prennent vraiment le dessus. Kanemaki Tomoko a segmenté son histoire en plusieurs parties, et chaque nouvelle partie qui se succède m’apparaît surprenante. La première partie me semble la plus originale, puisqu’elle se passe avant l’accident. La deuxième se base sur la situation que l’on apprend dans le VN mais qui ne nous est pas narrée. La dernière se base sur des moments qui ont aussi lieu dans le VN. La brièveté de la nouvelle entache pour moi cette dernière partie, puisqu’elle reprend quelque chose qui est montré de manière bien plus longue dans le VN. Mais j’aime vraiment le caractère original des deux autres parties. L’incapacité sociale de Fuuko à échanger avec les autres est le point de départ du récit. Je trouve que ses pensées contribuent à nourrir la dimension mature qu’il y a sur ses actions dans le VN. Je dirais que le personnage est uniquement décrit à l’image de ce qu’elle est dans la fin de sa route dans le VN. L’autrice fait le choix de ne mettre que cet aspect du personnage. Pas de Fuuko shooté aux étoiles de mer ici. Les étoiles de mer me semblent n’avoir presque qu’un caractère amer dans cette histoire. Il y a vraiment une tristesse qui parsème sans interruption tous le récit. J’en ai eu les larmes aux yeux. J’apprécie ce choix de ne montrer que cette facette du personnage. Je trouve le développement de Kouko tout aussi intéressant. C’est un personnage qui m’apparaît décrit comme quelqu’un rempli de faiblesses. Elle a des principes de vie en début de récit que je trouve très discutables. Et je trouve ça super intéressant comment ses principes sont bouleversés par le fameux accident familial. J’ai beaucoup apprécié son traitement psychologique sur cet événement. Dans son texte de présentation en fin de volume, Kanemaki Tomoko dit que son histoire est la résultante d’une empathie plus grande pour Kouko que Fuuko. Elle va jusqu’à se dire qu’elle se reconnaît dans Kouko. Je trouve ça très fort de dire ça. Et je pense que la réussite que je perçois sur le personnage jouit de cette reconnaissance.
Mon seul véritable reproche réside encore une fois dans les illustrations. Je trouve que ces dernières détournent les actions dans des espaces plus neutres. Il y a incontestablement un décalage que je ne trouve pas inintéressant avec ce mignon qui se confronte à un texte triste. Mais c’est la seule histoire où je trouve que la tristesse domine le récit. J’aurais préféré avoir des illustrations tournées frontalement vers cette dernière.
Derrière ces dessins ne se cache pas pour autant quelqu’un pour lequel je n’ai pas d’intérêt. Celui a une certaine proximité avec Tsukinon que j’ai abordée juste au-dessus. Il a été avec lui le représentant d’Hiyoko Soft jusqu’en 2023. Durant la période de cette anthologie, il semble avoir surtout travaillé à la couleur sur différents VN. Son travail artistique, même après la création d’Hiyoko Soft en 2008, me semble peu tourné vers des rôles clés d’identité graphique. Il me semble avoir davantage œuvré dans des postes de soutien graphique. Je retiens quand même sa participation au chara-design du premier MOONSTONE durant cette période.
• Homeward Bound – Auteur : Fukugawa Tuck / Illustrateur : Odawara Hakone •
Plus-value : ★
Personnages : ★
Je trouve peu de choses concernant Fukugawa Tuck sorti de quelques participations ici et là sur des light novels. Dans sa présentation, il met en avant sa romanisation pour le VN ALMA ~Zutto Soba ni…~. Je relèverais également en 2008 l’écriture d’un light novel original qui s’appelle Hayami-san no enmusubi. Il me semble pas avoir fait d’autres choses en dehors des années 2000 ?
Son histoire qui clôture cette série est une séquelle qui fait suite à la route de Tomoyo. D’un point de vue rétrospectif, je trouve qu’elle a quelque chose d’intéressant. En termes d’enjeux, c’est une histoire qui se place pour moi comme une After Story. Et c’est une histoire qui est sortie avant Tomoyo After. Les comparaisons sont donc de mise pour moi. Par exemple, Tomoya a bien commencé ici également à faire un travail, mais c’est le même qu’il fait dans l’After Story de CLANNAD. Dans le véritable Tomoyo After, il en exerce un qui est différent. Ensuite, que ce soit dans l’After Story de CLANNAD ou dans le vrai Tomoyo After, il y a un choix d’une réduction de cercle social. Avec Homeward Bound, c’est un autre chemin qui est pris. Ici, la présidence de Tomoyo a permis de lier beaucoup les personnages au-delà du cadre scolaire. Ce n’est pas tant le fil rouge de l’histoire que j’ai apprécié, mais plus la présence de ce lien. Je trouve chouette comment Nagisa est repêchée. Et je suis agréablement surpris de la présence de Takafumi. Au regard des autres histoires de la série, je ne m’attendais pas à le voir. Je trouve d’ailleurs qu’il s’accorde plutôt bien avec le Takafumi de Jun Maeda. Néanmoins, Homeward Bound reste quand même plus pour moi dans les clous de ce que raconte déjà CLANNAD sur la famille. Mais j’apprécie d’avoir une mise en avant d’un tel futur.
Je suis content que les illustrations montrent en partie le cercle social qu’a formé Tomoyo. Ce sont des images que je trouve sages et simples, mais que je trouve efficaces.
Derrière ces dessins se cache une femme à l’aube d’une carrière montante. Lors de cette anthologie, ses participations ne sont pas grandiloquentes mais sont bien ancrées. Elle a participé légèrement aux chara-design de Muv-Luv et a déjà participé visuellement à plusieurs titres de NekoNeko Soft. Elle est toujours active aujourd’hui autant dans l’industrie du VN qu’en tant que doujin artist avec son cercle VISTA. Je relève personnellement sa participation pour Secret Agent ou MeltyMoment.
Cette anthologie est une chouette balade, non ? Je ne peux pas m’empêcher d’être fasciné par toutes les personnes qu’elle a convoquées. Que ce soit celles qui sont proches de mon cœur comme celles que je ne connais pas. D’autre part, ses illustrations et ses histoires me donnent à voir des myriades d’interprétations qui rendent vraiment honneur à CLANNAD.
De belles révérences à CLANNAD, je trouve qu’il y en a plein d’autres. Et en tant que fan de CLANNAD et de Key, il me tient également très à cœur de partager à leurs sujets.
Je vais en avoir pour un certain temps à tout partager. Cela m’est assez vertigineux. Mais cela me promet de beaux voyages à raconter !