YÛNA DE LA PENSION YURAGI – Surprenante métamorphose

Cet article repose sur des SPOILS MAJEURS de Yûna de la pension Yuragi. Si vous voulez vous garder le plaisir de la découverte en lisant le manga, ne lisez pas cet article !


Je me suis fait la réflexion qu’il serait bien triste que je n’aborde Yûna de la pension Yuragi que par sa fin déstabilisante. Car avant d’être celui qui l’est devenu, une histoire éminemment tragique, Yûna de la pension Yuragi est un récit hautement riche pour son genre.

Si celui-ci débute comme un ecchi haremesque plutôt conventionnel, mais de très bonne facture, Tadahiro Miura entreprend d’aller au-delà rapidement. L’érotisme romantique sur fond de tranche de vie ne devient plus le rendez-vous systématique de chaque chapitre. Des arcs narratifs pointent le bouts de leur nez, où romances sérieuses et grosses bastons deviennent davantage les maîtres bords de la série.
Oui oui, des grosses bastons. C’est sûrement la chose qui m’a le plus étonné. Alors, on a bien quelques coups de poing ici et là dès le départ, mais c’est traité avec légèreté. On est loin des bagarres qu’il y a plus tard avec des délires de statistiques à la Dragon Ball.
Pour ce qui concerne les romances, Yûna de la pension Yuragi s’engage dans ce que je préfère dans ce genre d’histoire. Pas de protagonistes indécis indéfiniment sur ses sentiments ici. Les personnages prétendants réalisent concrètement leurs sentiments et le manga s’investit à les développer sérieusement.

J’ai toujours aimé les manga qui ont une évolution concrète au fur et à mesure de leur récit, que ce soit graphiquement ou narrativement. C’est souvent l’occasion de surprendre le lecteur tout comme de renforcer son adhésion à l’histoire. Et Yûna de la pension Yuragi réussi complètement ça.

C’est vraiment un ecchi qui a su me surprendre et me passionner. J’ai donc l’envie d’utiliser cet article pour parler de quelques passages qui témoignent de mon appréciation pour ce dernier :

TOME 16 – Chapitre 137 : Le combat de Sagiri
Histoire : ★★

Ce chapitre n’est pas issu de l’arc que je préfère, mais c’est clairement celui qui va le plus loin en matière de baston nekketsuesque. Le chapitre est entièrement concentré autour d’un combat, opposant Sagiri à un membre du clan Yoizaka, où les pensées et les descriptifs autour des attaques rythment à eux seuls le chapitre. Ce n’est pas ce moment-là qui introduit tous les délires autour de l’énergie psy et des BPV, mais je trouve que c’est l’aboutissement narratif de ces derniers au sein du manga. Il donne lieu à toute une nouvelle manière de combattre et montre une soudaine montée en puissance de Sagiri.
D’autre part, ce chapitre révèle une confiance naissante chez l’héroïne sur ses capacités et ses sentiments. Le parallèle est très efficace, je me prends très bien au jeu. Je trouve vraiment que c’est un chapitre qui démontre jusqu’où Tadahiro Miura a réussi à aller avec un manga qui ne se présentait à la base que comme un ecchi tranche de vie où les relations entre les personnages stagnent indéfiniment.
Ce chapitre, au-delà de son combat, est une très bonne résultante d’un récit qui s’est bonifié au fil du temps, entre son lore, ses combats et ses développements de personnage.

Sagiri est loin d’être mon personnage préféré du manga. Mais son évolution lors de cet arc marche du tonnerre. Cela ne m’étonne pas que le chapitre qui suit soit le deuxième chapitre préféré des lecteurs japonais d’après un sondage du Weekly Shonen Jump (n°11-2019).

TOME 6 – Chapitre 46 : Yûna et un nouveau matin + Chapitre 47 : Chisaki et le manteau de neige
Histoire : ★★
Personnage : ★★

Ces deux chapitres qui se suivent sont pour moi les premiers à amorcer le manga dans de nouvelles directions. Dans le chapitre 46, Yûna conscientise qu’elle est amoureuse de Kogarashi. Un événement qui, surtout à ce stade du manga, m’a beaucoup surpris. Ce moment n’arrive ni dans les premiers chapitres, ni dans les derniers du manga. Pour vous dire, la petite adaptation animée qu’il y a eu en 2018 n’est même pas arrivé à ce point. Ce qui est assez dommage. Car je pense que c’est bien à partir de ce moment que les véritables enjeux du manga apparaissent.
Au vu des déjà nombreux chapitres précédents, on s’attend naturellement à que le récit continue sur sa lancée d’une histoire joyeuse brodant en permanence autour de sentiments inavoués. Il me paraît très compliqué d’imaginer que l’histoire pourrait partir autre part lorsqu’on lit les chapitres d’avant. C’est pourtant bien ce que va faire Yûna de la pension Yuragi !

Cette page m’a fait un certain effet quand je l’ai découverte, et encore aujourd’hui, je la trouve d’une très grande force. Elle est autant composée d’une grande force sentimentale et d’un érotisme élégant qu’elle est sujette à une tristesse pesante. Si on pousse le bouchon un peu loin, on pourrait même dire que cette page incarne bien ce qui va définir le manga par la suite.

Couplé avec Chisaki et le manteau de neige, ce sont des chapitres qui sont précurseurs d’un ton surprenant pour une comédie qui se présentait jusqu’alors comme jovial, romantique et érotique. La tragédie amoureuse que va se révéler être le manga montre ses premiers signes ici. Et j’aime beaucoup comment celui-ci intervient.
En tant qu’amie de Yûna, Chisaki aide Yûna à réaliser qu’elle est amoureuse de Kogarashi. C’est paradoxalement cette aide qui va réveiller en elle l’idée qu’elle est également amoureuse. Le chapitre amène Kogarashi à dormir chez Chisaki. Confrontée à une certaine intimité, elle compare sa situation à Yûna, avec qui Kogarashi dort toutes les nuits. Et se met déjà à penser que le cœur de Kogarashi est sûrement déjà pris par son amie. A peine se rend-elle compte qu’elle est amoureuse que la voilà déjà abattue.
Voilà de quoi provoquer une suite bien plus captivante qu’auparavant. On a envie de voir comment tous ces personnages vont réussir à s’en sortir avec le sourire, surtout lorsqu’on est comme moi et qu’on a un personnage préféré autre que Yûna. Après tout, Yûna de la pension Yuragi ne ferait jamais le coup de mettre à la fin tous ses personnages en dépression, ce n’est pas ce genre de manga hein ? Hein ? HEIN ?

HEIN…?

HEIN ?!!   

J’aime beaucoup comment la mise en scène installe autant la réalisation que la peine amoureuse de Chisaki.

TOME 17 – Chapitre 148 : Chisaki traverse le temps
Histoire : ★★★
Personnage : ★★

Il s’agit d’un passage que j’ai déjà mentionné dans mon précédent article sur Yûna de la pension Yuragi. Ce chapitre en particulier est un bon exemple de moment où l’érotisme du manga est complètement absent. C’est clairement le chapitre qui m’a le plus marqué. Il signe un marqueur très important et très tragique sur la suite du manga. Chisaki est plongée dans un rêve qui lui a fait vivre 11 années d’un futur où la disparition de Yûna a provoqué sur le tard une relation amoureuse avec Kobayashi. Dans ce chapitre, elle réalise la vérité sur toutes ces années et doit faire ces adieux à cette vie. Conscient du drame qu’a provoqué la disparition de Yûna, Chisaki se résout en pleurs à ne pas reproduire ce qui a provoqué sa montée au ciel. Factuellement, elle signe une croix sur une chance de vivre son amour avec Kogarashi.
A ce stade de l’histoire, les possibilités qu’elle se mette malgré tout en relation avec Kogarashi existent toujours d’un point de vue théorique. Mais avoir un tel arc narratif au sein de Yûna de la pension Yuragi était pour moi déjà révélateur d’une suite où Chisaki ne peut pas être en couple avec Kogarashi. Et c’est cette réalisation-là qui rend particulièrement tragique et triste ce chapitre.

Juste à relire le chapitre pour l’article, j’en ai rechialé putain.

TOME 20 – Chapitre 178 : Les 7 Merveilles du lycée Yukemuri (3)
Histoire : ★
Erotisme : ★★

C’est sûrement le chapitre érotique que je préfère de tout le manga. Il s’agit d’un chapitre mettant en toute intimité Chisaki et Kogarashi dans un local de sport sujet à un maléfice les forçant à se déshabiller et à plaquer leurs corps nus l’un l’autre. J’aime beaucoup la timidité à laquelle Chisaki est sujette. Cela donne une tonalité au chapitre particulièrement chaud tout en étant particulièrement mignon. Si vous êtes un assidu du blog, vous n’êtes pas sans savoir que je suis très sensible aux déshabillements intégraux, et Les 7 Merveilles du lycée Yukemuri (3) réussit cela à la perfection.
Paradoxalement, cet érotisme est saupoudré d’une certaine tristesse. C’est difficile de ne pas y penser : ce chapitre a lieu après le rêve prémonitoire qu’a eu Chisaki. Avoir un tel chapitre apparaît facilement comme une cruelle péripétie de la vie puisqu’il semble assez tacite à ce stade l’histoire que Chisaki ne pourra jamais être en relation avec Kogarashi. Et alors qu’il est presque évident d’y penser sans que cela ne soit mentionné, le chapitre prend malgré tout la peine de rappeler les événements de ce rêve. Comme pour remuer le couteau dans la plaie.

Cette case est folle.

TOME 18 – Chapitre 155 : Kogarashi, quand il était petit
Histoire : ★
Personnage : ★★

Bon, j’arrête avec Chisaki, promis. Avec ce chapitre, je parle d’une autre surprise qui m’a beaucoup plu : le développement de Kogarashi.
Une bonne partie du manga ne laisse entrevoir du MC qu’un personnage sans grand développement, comme on en a beaucoup dans les ecchi. Même si je trouve que celui-ci sort dès le départ un peu plus du lot par son chara-design, ses capacités physiques et son caractère.
J’ai été très surpris de voir arriver un réel développement du personnage au sein d’une “deuxième partie” tout aussi inattendu. J’ai bien aimé le tour d’avoir fait coïncider l’arrivée des premiers véritables arcs narratifs du manga avec le développement de Kogarashi. Cela rend plus impactant le changement narratif qu’opère le manga tout en nourrissant un intérêt certain pour le personnage.
Le chapitre que j’ai sélectionné pour illustrer le développement de Kogarashi provient de l’arc où il rajeunit, un arc qui donne d’ailleurs lieu à mon arc de baston préféré. Son rajeunissement est tout trouvé pour développer avec plus de profondeur le passé de Kogarashi. Et sans casser trois pattes à un canard, c’est un développement que j’ai trouvé très touchant et efficace. Dans Kogarashi, quand il était petit, le manga relate comment Kogarashi est devenu endetté alors qu’il n’était qu’un enfant. Ce chapitre est aux antipodes de ce qui était relaté sur Kogarashi au début du manga en termes de tons et de durées. J’aime ce qu’il représente par rapport à ça.


Kogarashi n’est pas du tout du genre à pleurer. L’arrivée de cette case secoue pas mal.

TOME 24 – Chapitre 206 : Genryûsai, Encore et encore + Chapitre 207 : Yûna Yunohana
Histoire : ★★
Personnage : ★★

Le choix de ces chapitres pour cet article est peut-être paradoxal. Je fais déjà mention de ces derniers dans mon précédent article sur le manga. C’est deux chapitres que je trouve très intéressant pour l’utilisation qui est faite du harem : il nous est révélé que Genryûsai a aménagé un futur haremesque pour Kogarashi afin qu’elle comme lui survivent à différents antagonistes. Une démarche qui implique que les autres prétendantes aient inévitablement le cœur brisé. Car ce que nous apprend aussi ce chapitre, c’est que Kogarashi tombe amoureux de Yûna avec ou sans harem.
D’un autre côté, je trouve la démarche beaucoup trop cruelle par rapport à tous ces moments que le manga dédie aux autres personnages amoureux. C’est juste injuste, voire, une très mauvaise décision, pour un récit de ce genre.
Il n’en reste pas moins que la force tragique de ce moment, et de ces deux chapitres en particulier, marche vraiment bien. A l’article de la mort, Genryûsai enchaîne désespérément les plongées dans des longs rêves prémonitoires, à la recherche d’un futur où tout le monde peut être heureux. Celle-ci se retrouve rongée par les remords. Elle comprend que sa simple rencontre avec Kogarashi est la résultante de sa mort, et que sans elle, personne ne tombe malheureux, et personne ne meurt. Malgré tout, celle-ci va être amenée, une fois devenue Yûna, à bien reproduire cette tragédie amoureuse.
Même si cela annonce la fin très amère du manga, c’est particulièrement prenant à suivre. Genryûsai prend tellement cher que t’as presque envie que ce soit elle l’heureuse élue, même si c’est pas ta waifu. Et il fallait au moins ça pour réussir à avaler tant bien que mal la fin. C’est un passage qui nourrit et nuance beaucoup le personnage tout en lui conférant beaucoup d’empathie.


Voir Genryûsai s’éteindre dans le sang et les larmes m’a plutôt marqué.


J’espère un tant soit peu avoir réussi à communiquer la richesse que je perçois au sein de Yûna de la pension Yuragi. Je pense qu’il pourrait siéger sans problème aux côtés des grands noms contemporains du ecchi, même si c’est compliqué pour moi de le considérer ainsi à cause de sa fin. Il n’en reste pas moins un voyage érotique rempli de surprises et d’émotions comme peu de son genre ont su le faire avec moi jusqu’à présent. Et c’est bien pour ça que j’en parle ici !

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